Le métal liquide est laissé libre de s’écouler sans la contrainte d’une empreinte à remplir. Il cascade et, refroidissant, son tumulte se fige dans la chute. Le solide garde la marque d’un passé fluctuant, incertain, volubile. Il semble ne vouloir que prolonger sa course vers le repos, la flaque, nappe lisse du fluide délesté de son énergie primitive… mais reste en suspens.
Le lit de cette cataracte arrachée au temps semble en lévitation. Peut être espère-t’il échapper à la masse qui le noie. Sa géométrie régulière tranche avec le chaos du flux. L’impression déroutante qui en résulte évoquerait le paysage fantastique d’une Atlantide déliquescente abandonnée au goémon.
Ainsi versé sur une masse métallique glacée l’aluminium en fusion crée des formes canalisées par la main de l’artiste fondeur. Les coulures se superposent, s’entrelacent-et-choquent, dévalent-dégoulinent de leur substrat, en pointes, en boules, lisses, fripées, métal émancipé de l’artifice.
C’est la coulée sauvage.